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Page:Becquerel - Le Principe de relativité et la théorie de la gravitation, 1922.djvu/328

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deuxième partie. — la relativité généralisée.

dix potentiels de gravitation et aussi, comme nous le verrons bientôt, par les valeurs des quatre potentiels du champ électromagnétique.

On doit donc, aussi bien dans l’hypothèse cosmologique d’Einstein que dans celle de de Sitter, écarter la conception que l’espace serait physiquement vide, au sens du néant absolu ; il faut, non pas supprimer l’éther, mais donner une forme nouvelle à la notion du substratum universel : l’éther de la relativité n’a rien de commun avec l’éther de la théorie de Fresnel[1] : c’est « un milieu privé de toutes les propriétés mécaniques et cinématiques, mais qui détermine les phénomènes mécaniques et électromagnétiques » (Einstein).

D’après les idées actuelles d’Einstein, l’éther « détermine les relations métriques dans le continuum spatio-temporel, par exemple les possibilités de configuration des corps solides aussi bien que les champs de gravitation ; mais nous ne savons pas s’il joue un rôle essentiel dans la formation des particules élémentaires de l’électricité qui constituent la matière ».

Cependant, les deux extensions successives de la théorie d’Einstein, dues à Weyl et à Eddington (dont nous parlerons au Chapitre suivant), paraissent apporter une réponse à cette dernière question, celle de la formation des électrons. Grâce à l’union, en une géométrie unique, du champ de gravitation et du champ électromagnétique, on conçoit que l’électron puisse être un état particulier de la structure d’Univers, de l’éther au sens qu’on doit attribuer aujourd’hui à ce mot.

En résumé, l’espace possède des propriétés physiques, et l’on peut exprimer ce fait en disant qu’un « éther » existe. Mais « cet éther ne doit pas être conçu comme étant doué de la propriété qui caractérise les milieux pondérables, c’est-à-dire comme constitué de parties pouvant être suivies dans le temps : la notion de mouvement ne doit pas lui être appliquée » (Einstein).

On peut dire encore que l’éther est incapable de créer une division de l’Univers en espace et en temps (Eddington).

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  1. Il serait préférable, pour éviter toute confusion, de le désigner par un autre nom. Le mot éther évoque trop l’idée des anciennes théories.