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première partie. — la relativité restreinte.

rendus appréciables qu’en réalisant des vitesses colossales. Pour réduire à 0,9, il faut déjà une vitesse de 133 000 km : sec.

3o Avec P. Langevin[1], imaginons qu’un observateur ait une machine lui permettant de quitter la Terre et d’atteindre une vitesse fantastique. Supposons, pour fixer les idées, que cette vitesse soit inférieure de 1/20 000 seulement à la vitesse de la lumière. Pendant 1 an, le voyageur s’éloigne de la Terre et il revient au bout de 2 ans ; il n’a vieilli que de 2 ans, il a vécu le temps propre de son système, temps d’ailleurs enregistré par ses horloges. Cependant, à son retour, il trouve sur la Terre d’autres générations, et il apprend qu’il est parti depuis 200 ans. Il s’est transporté dans l’avenir, mais sans retour possible dans le passé.

Le calcul montre que si les habitants de la Terre et le voyageur pouvaient se suivre mutuellement par des signaux, la Terre attendrait 2 siècles avant de recevoir le signal envoyé par le voyageur pour annoncer le commencement de son voyage de retour, et que le retour se produirait, pour la Terre, 2 jours seulement plus tard. Tandis que le voyageur aurait vu la Terre s’éloigner et se rapprocher de lui pendant des temps égaux chacun, pour lui, à 1 an, la Terre, prévenue seulement par l’arrivée d’ondes électromagnétiques, aurait vu le voyageur s’éloigner d’elle pendant 2 siècles et revenir pendant un temps 40 000 fois plus court.

Les chiffres qui viennent d’être donnés supposent que la vitesse a été atteinte très rapidement, ce qui serait évidemment impossible, même si l’homme disposait d’une énergie suffisante, car la force d’inertie serait telle que le voyageur serait écrasé. Toutefois, cet exemple met admirablement en évidence la relativité du temps.

Pour un mobile qui serait animé de la vitesse de la lumière, le cours du temps serait suspendu.

26. La loi d’inertie[2].

Nous venons d’établir que l’intégrale est maximum

  1. P. Langevin, L’évolution de l’espace et du temps.
  2. P. Langevin, Bulletin de la Société des Électriciens, 3 décembre 1919.