Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/108

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Réduite au cruel choix de me voir ſans Berger
Ou de riſquer ce cœur : triſtement balancée,
Helas ! de quel party pourray-je me ranger

Qu’il ſeroit doux d’eſtre aimée, ſi l’on ne s’expoſoit pas d’aimer à ſon tour. Quel plaiſir de voir d’un air tranquile ſoûpirer un Amant ? Pourquoy ſaut-il craindre d’avoir le meſme ſort un jour ? Et pourquoy l’exigez-vous déja de moy ? L’étrange honneſteté que la voſtre de me demander un ſoupir pour m’en rendre mille ! Helas !

C’est le premier ſoupir qui coûte à noſtre cœur ;
Des qu’il a ſceu franchir ce pas ſi difficile,
Les plus ardens ſoupirs ne luy ſont plus de peur.
Qui ſçait en pouſſer un en pouſſe bientost mille.