Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

grande fatigue. En verité, Ma demoiſelle, je ne vous connoiſſois point encore : Je vous pardonne cette tendreſſe en peinture, dont vous outragez une tendreſſe trop veritable, puiſque vous ne connoiſſez pas la force de ces cruelles paroles. Non, vous ne les connoiſſez pas ſans doute avec tout voſtre eſprit, puiſqu’il faudroit que voſtre cœur fuſt auſſi tendre que le mien, pour en ſentir toute l’amertume. He quoy ! faut-il que je vous aye connue ; par quelle fatalité vous ay-je veuë ? Et qui Diable m’a mis entre les mains d’une jeune friponne comme vous, qui ne connoit pas encore tout le mal qu’elle fait, & tout le bien qu’elle pourroit faire ? Pourquoy ſuis-je perſuadé de ce que vous valez en vous aimant ſi tendrement ? Que ne puis-je reprendre mon cœur, & le barbouiller d’indifference, pour répondre à voſtre tendreſſe en peinture ; Je me don-