Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/149

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nez-moy un peu de voſtre eſprit, nous en ſerons un plus agreable temperament. Vous auriez plus de plaiſir que vous n’avez, & j’aurois un peu moins de chagrin ; enſin je vous écrirois de plus jolies Lettres, & vous auriez de plus tendres ſentimens. Cependant vous n’avez que de l’Eſprit, & moy je n’ay que de la Tendreſſe.

Triſte partage, belas ! pour le Cœur d’un Amant >
Quand il eſt ſeul qui s’intereſſe :
Si bien que nous avons dans ce cruel moment,
Vous tout l’Eſprit, moy toute la Tendreſſe.

Cependant je vous aſſeure que vous auriez mille plaiſirs que vous n’avez pas, ſi vous eſtiez plus intereſſée dans cette affaire ; un peu de tendreſſe vous ſeroit paſſer mille chagrins, puiſque ſans l’Amour les plaiſirs meſmes ſont fades & inſipides.