Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de compter, je l’y retrouvay heureuſement. La converſation fut vive & brillante de ſon coſté, & aſſez embaraſſée du mien ; piqué de l’embaras où j’eſtois, je fis tomber la converſation ſur le deſordre d’un Amant qui veut parler & ne trouve point de termes aſſez propres pour s’expliquer. Ce mot la fit rougir, & l’embaraſſa à ſon tour ; elle ſe ſouvint de ſa Lettre, où elle parle de cet embarras qui a la reputation d’être le plus agreable. Je me vange un peu du mien ; & luy faiſant remarquer en riant le deſordre où elle eſtoit, cela l’augmenta de la moitié. Elle me parut ainſi plus aimable que jamais, je luy dis que cette charmante rougeur qui l’avoit renduë ſi belle, meritoit bien quelques Vers ; elle me défendit d’en faire, cependant je luy donnay le lendemain ce Billet que vous allez voir.