Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
considérations spéciales aux êtres vivants.

bases fausses ou contestables ; d’abord il n’est pas exact de doubler le produit d’une des glandes pour avoir celui des deux, parce que la physiologie apprend que le plus souvent les glandes doubles sécrètent alternativement, et que, quand l’une sécrète beaucoup, l’autre sécrète moins ; ensuite, outre les deux glandes salivaires sous-maxillaire et parotide, il en existe encore d’autres dont il n’est pas fait mention. Il est ensuite inexact de croire qu’en multipliant par 24 le produit de la salive d’une heure, on ait la salive versée dans la bouche de l’animal en vingt-quatre heures. En effet, la sécrétion salivaire est éminemment intermittente et n’a lieu qu’au moment du repas ou d’une excitation ; pendant tout le reste du temps, la sécrétion est nulle ou insignifiante. Enfin la quantité de salive qu’on a obtenue des glandes salivaires du chien mis en expérience n’est pas une quantité absolue ; elle aurait été nulle, si l’on n’avait pas excité la membrane muqueuse buccale, elle aurait pu être plus ou moins considérable si l’on avait employé une autre excitation plus forte ou plus faible que celle du vinaigre.

Maintenant, quant à l’application des calculs précédents à l’homme, elle est encore plus discutable. Si l’on avait multiplié la quantité de salive obtenue par le poids des glandes salivaires, on aurait obtenu un rapport plus approché, mais je n’admets pas qu’on puisse calculer la quantité de salive sur le poids de tout le corps pris en masse. L’appréciation d’un phénomène par kilo du corps de l’animal me paraît tout à fait inexacte, quand on y comprend des tissus de toute na-