Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
de l’idée à priori et du doute.

de l’idéogenèse, ce sont en réalité des idées à posteriori. En un mot, l’induction a dû être la forme de raisonnement primitive et générale, et les idées que les philosophes et les savants prennent constamment pour des idées à priori, ne sont au fond que des idées à posteriori.

Le mathématicien et le naturaliste ne diffèrent pas quand ils vont à la recherche des principes. Les uns et les autres induisent, font des hypothèses et expérimentent, c’est-à-dire font des tentatives pour vérifier l’exactitude de leurs idées. Mais quand le mathématicien et le naturaliste sont arrivés à leurs principes, ils diffèrent complètement alors. En effet, ainsi que je l’ai déjà dit ailleurs, le principe du mathématicien devient absolu, parce qu’il ne s’applique point à la réalité objective telle qu’elle est, mais à des relations de choses considérées dans des conditions extrêmement simples et que le mathématicien choisit et crée en quelque sorte dans son esprit. Or, ayant ainsi la certitude qu’il n’y a pas à faire intervenir dans le raisonnement d’autres conditions que celles qu’il a déterminées, le principe reste absolu, conscient, adéquat à l’esprit, et la déduction logique est également absolue et certaine ; il n’a plus besoin de vérification expérimentale, la logique suffit.

La situation du naturaliste est bien différente ; la proposition générale à laquelle il est arrivé, ou le principe sur lequel il s’appuie, reste relatif et provisoire parce qu’il représente des relations complexes qu’il n’a jamais la certitude de pouvoir connaître toutes. Dès lors,