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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Jacob, II, 29 ; J. Béreau, rééd. de Hovyn de Tranchère, p. 209, sonnet final (cf. ci-après p. 158, note aux mots « que j’ay veus »).

P. 21, l. 37. — leur plaisoit. Addition qui vient de l’Epitre au Lecteur de 1550, déjà citée : « Mais que doit-on esperer d’eus ? lesquels étants parvenus plus par opinion, peut estre, que par raison, ne font trouver bon aux princes sinon ce qu’il leur plaist... » (Bl., II, 13-14 ; texte rectifié par M.-L., II, 477).

P. 22, l. 2. — d’argumens. « Bien fit-il sortir ses Hymnes » signifie : Mais du moins, mais toujours bien il publia ses Hymnes. Le premier livre parut en 1555, dédié « à très illustre et reverendissime Odet, Cardinal de Chastillon » ; le second livre en 1556, dédié « à très illustre princesse Madame Marguerite de France, Sœur unique du Roy et Duchesse de Berry ». — Pour leur contenu, v. mon Tableau Chronologique des Œuvres de Ronsard. — Quelques-uns sont de petites épopées, par exemple l’Hymne de Henri II, et l’Hymne de Castor et Pollux, que Ronsard présente à l’amiral Coligny comme un prélude de chants épiques plus importants. Les quatre Hymnes des Saisons, tant admirés d’Estienne Pasquier, ne parurent qu’à la fin de 1563, dans le second livre du Recueil des Nouvelles Poësies.

P. 22, l. 5. — hommes de lettres. Odet de Coligny, dit le Cardinal de Chastillon (du château de ce nom, où il naquit en 1517), frère aîné de l’amiral Gaspard de Coligny et du colonel François de Coligny d’Andelot, était évêque-comte de Beauvais, cardinal depuis 1532, archevêque de Toulouse depuis 1534. Entre autres écrivains il protégea Rabelais, qui lui dédia en 1552 le quatrième livre du Pantagruel. Il faisait partie du Conseil privé du Roi et à ce titre résidait au Louvre et suivait la Cour. C’est là qu’il témoigna dès 1553 la plus grande bienveillance à Ronsard, qui en maints endroits de ses œuvres l’appelle son « support » et son « Mecene ». — Voici les pièces nombreuses que Ronsard lui adressa : 1o la dédicace du premier livre des Hymnes (Bl., VI, 275) ; 2o le Temple de Messeigneurs le Connestable et les Chastillons (Ibid., 301) ; 3o l’Hymne de la Philosophie (Id., V, 157) ; 4o la Priere à la Fortune (Ibid., 289) ; 5o l’Hymne de l’Hercule Chrestien (Ibid., 168) ; 6o l’Ode : « Mais d’où vient cela mon Odet... » (Id., II, 238) ; la Complainte contre Fortune (Id., VI, 157) ; 8o l’Elegie : « L’homme ne peut sçavoir... » (Ibid., 193) ; 9o l’Elegie : « Tout ce qui est enclos... » (Ibid., 232) ; 10o la Bienvenue de Mgr le Connestable (Ibid., 224) ; 11o le Sonnet : « Nul homme n’est heureux... » (Id., V, 328.)

Les cinq premières de ces pièces parurent en 1555 ; les autres furent composées de 1556 à 1560. Voir encore l’ode Au Roy publiée en 1555 en tête du 4e livre, et l’Hymne de Castor et Pollux dédié en 1556 à Gaspard de Coligny. Mais après 1560, Odet de Coligny étant devenu huguenot (comme ses deux frères et sa mère Louise de Montmorency), Ronsard ne lui adressa plus aucun vers ; il se contenta de déplorer profondément, dans deux de ses Discours, l’« erreur » du bon Odet, tout en restant dévoué à sa personne (Bl., VII, 29 et 74). Enfin, après la mort de son ancien protecteur (1571), après celle de Gaspard de Coligny (1572), qu’il avait souhaitée à plusieurs reprises, Ronsard eut la faiblesse de retrancher de ses œuvres bon nombre de vers et des