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ET CRITIQUE

seulement à sa majorité (15 août 1563) ; mais, en tout cas, il ne devait pas laisser croire que Ronsard « arma les Muses au secours de la France » sous le règne de François II, lequel mourut en décembre 1560. C’est sous la régence de Catherine de Médicis, et seulement en 1562, que Ronsard écrivit ses Discours contre les protestants et sa Remonstrance au peuple de France ; et le roi qui l’en gratifia, c’est Charles IX, et non pas François II, comme on pourrait le croire d’après Binet.

P 23, l. 23. — ses remonstrances. S’agit-il seulement du « discours » intitulé la Remonstrance au peuple de France, que, selon moi, Ronsard a écrit pendant le pseudo-siège de Paris par Louis de Condé et les troupes huguenotes (du 22 nov. au 10 déc 1562), ou bien — le mot étant au pluriel — non seulement de la Remonstrance, mais encore du Discours sur les Miseres du temps (qui remonte à la fin de mai, au 1er juin au plus tard) et de la Continuation du Discours (qui remonte au mois de septembre, aux premiers jours d’octobre au plus tard) ? J’adopte cette deuxième interprétation, d’autant plus volontiers qu’après avoir donné en B une majuscule initiale au mot Remonstrances, Binet est revenu en C à la minuscule de A, qui depuis a toujours été conservée. Voir un autre argument ci-après, pp. 153-154, note sur les mots « ton nom ». — Il est même possible que Binet ait compris encore sous ce terme général l’Elegie à G. des Autels de 1560, réimprimée en 1562 avec des remaniements et pour servir à la polémique avec ce sous-titre : Sur les troubles d’Amboise.

P. 23, l. 44. — en Cour. V. ci-dessus, p. 144, aux mots « hommes de lettres », et surtout dans les œuvres de Ronsard, la Complainte contre Fortune (Bl., VI, 156 et suiv.).

P. 24, l. 1. — gratifierent. Velliard (v. note suivante) parle d’une pension annuelle de 400 livres ; mais je pense que c’est une allusion à l’abbaye de Bellozane, octroyée à Ronsard vers mai 1564, et au prieuré de St-Cosme, octroyé en mars 1565. D’ailleurs ce ne fut pas sans peine que Ronsard obtint la récompense de son intervention dans la guerre civile. Voir notamment l’épître à Charles de Lorraine intitulée le Proces, écrite en 1561 ou en 1562, où faisant allusion à son « elegie » Sur les troubles d’Amboise, Ronsard rafraîchit ainsi la mémoire du Cardinal :

Quand le peuple incertain, errant deçà delà
Tenoit l’un ceste foy, et l’autre ceste-là
Et que mille placards diffamoient vostre race
Il opposa sa Muse à leur felonne audace...
(Bl., III, 353) ;


le poème de la Promesse, A la Royne, publié en 1563, à propos duquel Brantôme a dit en parlant de Catherine de Médicis : « Belles paroles et promesses ne manquoient jamais à la reyne (aussi M. Ronssard luy desdia lors l’himne de la Promesse)..... » (Bl., VI, 246 ; M.-L., IV, 117 et 389) ; enfin la Complainte à la Royne, mere du Roy (1563), dont Ronsard lui-même a écrit dans l’« Epistre au Lecteur » des Nouvelles Poësies : « Il est vray qu’autrefois je me suis fasché, voyant que la faveur ne respondoit à mes labeurs (comme tu pourras lire en la com-