pose d’ordinaire le philosophe, ce problème ne paraît pas avoir de lien direct avec la question que nous voulons poser : celle de l’évolution des idées des savants sur la science ; et, d’ailleurs, le problème de l’invention n’a jamais été spécialement considéré — on ne voit pas comment il aurait pu l’être — du point de vue proprement historique. Ainsi M. Brunschvicg laisse de côté l’histoire lorsqu’il conclut ses réflexions personnelles sur les racines de la vérité mathématique en donnant comme fondement à celle-ci l’activité même de l’esprit, le mouvement, l’élan d’une intelligence continuellement en progrès. Nous resterons au contraire, sur le terrain historique et scientifique si, fixant notre regard sur la réalisation de l’œuvre mathématique, nous nous demandons comment et dans quelles conditions les savants des divers âges sont parvenus à orienter les progrès de cette activité intellectuelle dont parle justement M. Brunschvicg.
Ces remarques étaient nécessaires pour bien montrer quels seront le point de vue, les caractères et le domaine propre de l’histoire des sciences, appliquée aux problèmes que nous avons indiqués.
Mais dira-t-on, l’histoire ainsi comprise, la possédons-nous déjà, a-t-elle été écrite en tout ou en partie ? Il ne paraît pas, à vrai dire, qu’aucune tentative ait été faite pour isoler systématiquement les questions qui intéressent cette histoire. Nous trouvons cependant dans les travaux des savants, des historiens et des philosophes suffisamment