alors même que tu souffres ce qui ne peut être enduré ».
C’est donc par une distinction faite après coup que l’audace (et même l’audace poussée jusqu’à la témérité et jusqu’à l’insolence) a été confiée à τολμάω et sa famille, tandis que la constance et la résignation sont devenues le partage de τάλας et τλήμων[2].
Personne aujourd’hui ne songerait à nommer du même mot deux idées aussi différentes que le plaisir des sens et le plaisir idéal causé par le sentiment tout intime de l’espérance. Cependant il y a eu un temps où la même expression servait pour les deux idées. Le grec, de cette racine, a tiré une série de mots qui expriment l’espoir : ἐλπίς, ἐλπίζω, ἔλπομαι. Le latin en a pris les mots qui marquent le plaisir : volupe, voluptas[3]. Des deux côtés, l’idée restée sans représentant a trouvé d’autres symboles : ἡδονή (de ἥδομαι « goûter » ) est devenu le nom du plaisir en grec, et spes, « la respiration, le soulagement », le nom de l’espérance en latin.
C’est ainsi qu’en remontant dans le passé, on trouve sur son chemin des conglomérats sémanti-