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IRRADIATION.

qui fait le père » ; μητράστειρα, « celle qui fait la mère » ; ἐλαιαστήρ, « celui qui fait l’olivier » (c’est-à-dire l’olivier sauvage).

Cette sorte de mots plut aux Romains. En général, on peut remarquer que tout ce qui s’adresse à la malignité passe facilement d’un peuple à l’autre. La langue latine eut donc des mots patraster, filiaster. Cicéron, dans sa correspondance, forge le vocable Fulviaster, « celui qui imite Fulvius, un second Fulvius ».

Du latin, la formation en aster passa aux langues dérivées, où elle eut un plein succès. Toutes les langues romanes s’en servent. Le français s’en est emparé et en fait usage avec plus de liberté que ne fit jamais le grec ni le latin. Nous disons roussâtre, verdâtre, saumâtre, opiniâtre, médicâtre. Le sens péjoratif, qui existait à peine en grec, qui se montre déjà en latin, est donc décidément entré dans ce suffixe.


L’allemand moderne a une espèce de verbes qu’on peut appeler « dépréciatifs », car ils expriment l’action en y joignant une idée de mésestime et d’ironie. Ils sont terminés en -eln. Ainsi de klug, « intelligent », on forme klügeln, « faire l’entendu, subtiliser » ; de Witz, « esprit », on forme witzeln, « faire le bel esprit, dire des balivernes » ; de fromm, « reli-