ment et fort heureux en compagnie d’une bibliothèque de quatorze mille volumes, de plusieurs jurisconsultes qui l’accueillent avec amitié. J’ai visité l’autre jour avec lui et mon hôte les bâtiments de l’Université et sa bibliothèque. Dans cette dernière, j’ai été surprise de trouver une division où la litterature suédoise n’est pas trop mal représentée. Le mérite en revient au poëte-professeur Langfellow ; ayant voyagé en Suède, il a fait venir de nos livres, a écrit sur notre pays et traduit plusieurs poëmes de Tegner. J’ai vu aussi parmi les livres suédois les Eddas. Bergfalk a mis la main sur le code de la Gothie occidentale, qu’il a traité comme un vieil ami ; il a montré aux personnes qui nous accompagnaient des exemples d’allitération dont nos pères ont fait si souvent usage dans leurs écrits. J’ai vu aussi dans la bibliothèque le grand ouvrage d’Audebon sur les oiseaux de l’Amérique.
Au nombre des visites qui m’ont intéressées se trouve celle de madame Russel et de sa fille Ida, née en Suède, où son père a été chargé d’affaires il y a quelques années. Ida a quitté la Suède dans son enfance, mais elle a conservé de l’attachement pour ce pays et les Suédois. C’est une jeune personne fort agréable et jolie. Sa mère paraît être la bonté en personne. « Je ne puis pas vous promettre beaucoup de plaisir, dit madame Russel (elle m’avait offert sa maison), mais je veux — prendre soin de vous ! » Je ne pus m’empêcher de la serrer dans mes bras pour cette bonne et maternelle volonté ; hélas ! ce dont j’ai besoin, ce n’est pas de voltiger constamment d’une maison à l’autre, mais de rester tranquille durant un peu de temps. J’ai promis cependant d’aller chez madame Russel, qui habite la campagne à quelques milles au delà de Boston, pour y passer la veille de Noël, qu’elle se propose de célébrer à la manière