Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIII

est doux de s’incliner, lors même qu’elle cause de la douleur. J’espère que vous me direz ouvertement en quoi je suis fautive, en quoi je me suis trompée, et vous conviendrez, je le sais, de ce que j’ai dit de vrai et de bon. Je ne redoute point de votre part un arrêt injuste. Il me semble que j’ai trouvé parmi vous les hommes les plus amis de la vérité dite sans dureté. C’est pourquoi j’aime à me tourner vers vous.

Je reviens ici en esprit dans vos beaux foyers pour vous faire souvenir de l’étrangère que vous avez appelée votre hôte, dont vous avez fait votre amie, et vous parler des jours passés près de votre âtre, pour vous remercier, vous bénir ; non pas seulement vous, dont j’ai été l’hôte, mais encore ce grand nombre d’autres personnes de votre pays, qui ont été bonnes pour moi en paroles et en actions, les cœurs chauds et nobles qui m’ont fait boire la rosée d’une création nouvelle et belle, cet élixir de la vie qui renouvelle la jeunesse de l’âme.

La parole est pauvre, — elle exprime mal ce que l’âme sent. Puissiez-vous cependant jouir au moins d’une faible partie des joies que vous m’avez données, et dont ces lettres vous prouveront ma profonde reconnaissance !


Frédérika Bremer.