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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/178

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LA VIE DE FAMILLE

gleterre » (manuscrit) des fragments de son entretien avec Thomas Carlyle (le seul homme dont je lui ai entendu parler avec plaisir et une sorte d’admiration), sur la « jeune Amérique, » ainsi que la relation du voyage qu’il avait fait avec lui à Stomhenge. Ce sont de ces choses que je n’oublierai jamais. Si fort que soit l’esprit critique d’Émerson, si nombreuses que soient les défectuosités découvertes par lui chez les hommes et dans les choses, — en les mesurant à son idéal, — il n’en est pas moins convaincu de la puissance du bien et de sa victoire définitive. Il comprend parfaitement ce que veut dire un noble républicanisme et américanisme, et les rapports nobles de la société, de la vie sociale. Mais Émerson ne voit la source qui donne la vie et la force que dans la conscience pure de l’homme. Il croit à la magnificence, à la pureté originelle de cette source, et veut absolument la débarrasser de tout ce qui l’obstrue ou la trouble, de tout ce qui est conventionnel, faux et bas.

J’ai demandé à une femme aimable, grande amie d’Émerson et pieuse : « Comment pouvez-vous autant l’aimer, puisqu’il n’aime et ne croit pas au but suprême que vous affectionnez. » Elle répondit : « Il est tellement exempt de défauts et si aimable ! »

Il l’est aussi dans son intérieur et ses rapports de famille. Je te parlerai davantage de lui quand nous nous reverrons, et tu verras sa belle et forte tête dans mon album, parmi plusieurs de mes connaissances américaines. Je pourrais lui demander des sympathies plus vives, un plus grand intérêt pour les questions sociales qui se rapportent au bien-être des hommes, plus de sensibilité pour la souffrance et les chagrins de la terre. Mais de quel droit l’onde qui tremble au moindre souffle du vent