Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LA VIE DE FAMILLE

Tel est ce noble idéaliste, et j’ai peut-être fait trop de citations de lui, puisque je ne peux pas le montrer tel qu’il est ; j’ai cependant exposé ce qu’il a de plus remarquable. Je n’ai rien contre ses fils les transcendentalistes ; c’est rafraîchissant de les voir, de les entendre émettre avec une vie nouvelle mainte vérité oubliée. Ils sont, dans la vie, l’élément jeune qui la renouvelle sans cesse et y découvre des beautés que des yeux plus âgés n’ont plus la force d’apercevoir. (Je me souviens d’avoir entendu dire que Schelling ne voulait pas de disciples au-dessus de vingt-cinq ans, parce qu’il ne croyait pas ces derniers propres à la contemplation et à un savoir immédiats.) Mais lorsque ces jeunes Alpes païens disent : « Nous répondons à ce qu’il y a de plus élevé, » je réplique : « Non pas. » Vous dites : « Nous sommes des dieux. » Eh bien, descendez de vos hauteurs pour diviniser la terre, et je vous croirai. Vous vous réjouissez de la position éminente, isolée, que vous avez prise et croyez faire assez en montrant l’idéal. Hélas ! l’idéal n’a jamais été inconnu. Vous êtes des hommes pauvres, imparfaits, pécheurs comme les autres ; votre vaillance n’atteint pas même le cœur du christianisme, qui non-seulement montre l’idéal, mais aide encore à l’atteindre ; qui non-seulement endure, mais surmonte tout et ne reste pas assis tranquillement en prenant un grand air. Il lutte avec ses confesseurs et leur dit : « Soyez les vainqueurs du mal par le bien. »

Si les transcendentalistes voulaient réellement créer du nouveau, ils devraient inventer quelque chose de plus élevé que leur doctrine, présenter dans leur homme idéal une figure plus belle que celle déjà montrée à la terre, que ce fils du ciel et de la terre, fort et en même temps humble, qui les réunit tous pour en faire une création nou-