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LA VIE DE FAMILLE

Mai, prit terre sur la côte du Massachusett avec les premiers pèlerins, au nombre de cent. Ils étaient du parti religieux anglais appelé les « puritains, » qui avait surgi après la réforme, et en voulait une plus complète encore que celle de Luther. Au fond, les puritains cherchaient à donner un entier développement à la doctrine du réformateur quand elle renvoie l’homme à son rapport direct avec Dieu par Jésus Christ, et rejette le droit de l’Église et de la tradition à intervenir pour déterminer ce que l’on doit croire et enseigner. Les puritains demandaient donc pour chaque individu la liberté d’examen et de juger en matière de foi, sans autre guide et autorité que la parole de Dieu dans la Bible : de renoncer aux cérémonies de l’Église ancienne, d’élire leurs prêtres, d’adorer Dieu en esprit et en vérité, de prononcer eux-mêmes sur les affaires de leur Église. Le puritanisme était une invasion de ce vieux levain céleste au sujet duquel le Christ avait prophétisé qu’il « aigrirait un jour toute la pâte » de la vie de liberté spirituelle de l’humanité en Jésus-Christ. La lettre de franchise donnée par lui devint le mot de ralliement des puritains ; l’ayant à la main et sur les lèvres, ils se hasardèrent à combattre contre l’Église épiscopale dominante, refusèrent de se réunir à elle, s’appelèrent « non conformistes, » et tinrent plusieurs assemblées religieuses séparées, et auxquelles on donna le nom de conventicules. L’Église de l’État et le gouvernement agirent contre eux et les menacèrent. Mais le nombre des puritains et des conventicules augmentaient d’année en année ; des prêtres et plusieurs personnages considérés se joignirent aux puritains. La reine Élisabeth les avait encore traités avec égard ; mais Jacques, son successeur, s’écria avec aveuglement : « Je ne veux pas en entendre parler. Pendez-les !