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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

gnifique édifice à l’intérieur et extérieurement, m’a fait plaisir. Deux grands jets d’eau s’élancent devant sa façade, et du perron on a une vue des plus splendides. Au-dessous est la grande place, qui porte le nom de la ville, et au centre de laquelle est aussi un jet d’eau fort beau qui s’élance d’un bassin. De trois côtés il y a trois jolies rues le long desquelles sont de beaux ormes, l’arbre de parade du Massachusett. Plusieurs de ces mêmes arbres embellissent la place et la font ressembler à un parc. Du quatrième côté, on a la vue du golfe. J’aime à me promener sur les larges trottoirs d’asphalte, sous ces beaux ormes (quand il ne fait pas trop froid), à regarder, à travers les branches, le splendide ciel bleu du Massachusett, à voir dans le parc les petits républicains, sortant de l’école, courir et faire tapage. Près de là sont plusieurs belles rues bien bâties, entre autres Mount-Auburn, avec vue sur la mer. Au bas de la colline, de l’autre côté, est une place appelée Louisburg-square, où je me promène souvent aussi, moins pour sa jolie clôture d’arbres et de buissons et sa pauvre statue d’Aristide ainsi enclosée, que parce que madame Bryant y demeure et que je me trouve toujours bien chez elle. J’y fais de temps à autre un agréable dîner avec sa mère, madame Lee, femme âgée, spirituelle, cordiale, belle encore, et une couple d’autres convives. Madame Bryant est de ces fashionables qui, en femme riche, fait venir volontiers ses toilettes toutes faites de Paris, et n’en a pas moins le cœur ouvert aux bonnes œuvres cachées. Elle cherche à rendre heureux tout ce qui l’entoure, même les animaux. « Princesse, » beau lévrier gris, est à son aise dans la maison, et le plus agréable chien d’intérieur dont j’aie fait la connaissance jusqu’ici.

Un jour où le traînage était bon, madame Bryant m’a