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LA VIE DE FAMILLE

cherokée blanche qui croît aussi à l’état sauvage et avec la plus grande abondance ; les jolies plantes grimpantes s’enlacent à tous les arbres ; plusieurs d’entre elles sont, dit-on, vénéneuses. Le magnolia est l’un des plus beaux arbres de ces forêts, laurier de haute taille, vert foncé, dont les fleurs blanches sont citées comme les plus belles du Sud ; elles ne fleurissent qu’à la fin de mai.

La ville est en pleine floraison. Les jardins resplendissent de roses de toute espèce. L’air est embaumé par la fleur d’oranger, et le moqueur, le rossignol de l’Amérique du Nord, appelé par les Indians l’oiseau aux cent langues, parce qu’il a la faculté d’imiter tous les sons, chante en cage aux fenêtres ouvertes ou au dehors. Dans le jardin de madame Howland je vois des nectaires et des figuiers nouer leurs fruits, et le colibri s’élancer comme un petit esprit ; il va et vient sur les fleurs rouges du chèvrefeuille, suçant leur miel dans son vol. C’est charmant, et je suis heureuse d’être ici.

J’ai reçu une foule d’invitations et de visites amicales, et parmi les premières je dois citer une personne à laquelle je suis redevable de quelques-unes des plus belles heures que j’aie passées en ma vie. Comme mon hôtesse actuelle, madame Hollbrook (la femme du naturaliste de ce nom), m’a plu dès le premier jour ! J’ai été ranimée et comme réveillée par la vie fraîche, intelligente, qui parlait chez cette jeune femme. Rien de commun, de conventionnel dans sa personne : tout y est net, original, spirituel et bon en même temps. Elle me produit l’effet d’un breuvage, d’un élixir renouvelé de la vie. Le lendemain de notre connaissance, j’ai dîné chez madame Hollbrook, dans son élégante demeure où le vent rafraîchissant de la mer jouait à travers les rideaux ; sa mère, sa sœur, trois jolies