Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le 13 avril.

Nous avons eu hier au soir grand spectacle de tonnerre et d’éclairs ; je n’ai jamais rien vu de pareil en Europe, quoique je me souvienne d’une nuit de juin en Danemark, où l’atmosphère était pour ainsi dire en feu. Ici les éclairs ressemblaient à des courants de lave enflammée ; les coups de tonnerre y répondaient. Pour la première fois de ma vie, j’ai éprouvé comme une espèce de crainte de la foudre, et cependant je jouissais de cette scène sauvage. Je partirai dans une couple de jours pour aller chez M. Poinsett, autrefois ministre de la guerre aux États-Unis et leur envoyé à Mexico. Il vit maintenant en particulier dans ses plantations. C’est, dit-on, un homme des plus intéressants et des plus aimables, qui connaît beaucoup la vie et le monde ; c’est pourquoi j’ai accepté avec infiniment de plaisir l’invitation qu’il m’a faite de venir chez lui, près de Georgetown, à une journée d’ici. J’en suis redevable à M. Downing. Je passerai probablement quelques jours chez M. Poinsett, et reviendrai ici pour aller en Géorgie. Je veux mettre le temps à profit ; car, après le 1er mai, la chaleur, à ce qu’il paraît, devient forte dans le Sud, et tous les planteurs se retirent dans les plantations pour éviter les fièvres dangereuses de ce moment. Tout blanc qui passerait une nuit durant les mois d’été dans les rizières est sûr, dit-on, de mourir, tandis que les nègres souffrent peu ou pas du tout du climat, à ce qu’on prétend.

Je suis en train de peindre (d’après un tableau à l’huile) le portrait d’un chef indien appelé Oseconehola, qui, à la tête de la tribu des Séminoles, s’est battu bravement pendant cinq ans contre les Américains, lorsque ceux-ci cher-