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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

gre se tourna de mon côté en disant : Voilà la chose ! Assurément Jefferson a été un homme mauvais, mais c’était un patriote. »

Une bande de cent jeunes gens de la milice de Charleston, faisant partie de ce convoi, allait rendre visite à la milice de Géorgie, à Mâcon. Ils étaient bien de leur personne, gais, et avaient un extérieur bon. À chaque station, ils descendaient pour se rafraîchir et rentraient dans les waggons avec précipitation ; mais cela se faisait avec autant d’ordre que de jovialité. Les seules choses remarquables de cette route furent une couple de tombeaux indiens antiques ; ils ressemblent aux nôtres, mais ils sont beaucoup plus grands et plus plats au sommet.

Nous arrivâmes à Mâcon au coucher du soleil. Le pays avait pris un autre caractère ; on voyait de vertes collines, des vallons, et sur les hauteurs, de jolies et blanches maisons de campagne avec jardins ; partout de beaux et grands arbres. Nous traversâmes plusieurs petites rivières, dont les eaux étaient d’un rouge chocolat et les rives boisées. La ville, comme enveloppée dans une forêt d’arbres à feuilles rondes, a un aspect jeune et romantique ; à moitié cachée dans le vallon, elle s’étendait sur des hauteurs dégagées. Mâcon me plut, j’étais contente d’y être, et j’éprouvais en outre une petite joie sauvage de me trouver seule, inconnue, de pouvoir demeurer à l’auberge. J’ai pris une chambre à « Washington-House, » où j’ai trouvé une hôtesse fort jolie, amicale, et j’ai éprouvé une satisfaction réelle à laver la poussière de mon visage, à changer de vêtements, à boire un verre de lait excellentissime, à me reposer, et à voir la vie et l’animation du marché sur la plus grande place de la ville, où l’hôtel de ville est situé.

Vingt-cinq ans auparavant, le terrain sur lequel la ville a