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LA VIE DE FAMILLE

de clarté : c’est du soleil contenu — quelque chose de chaud, de profond — on dirait la réflexion, le reflet des yeux bruns du mari. Le goût le plus délicat se révèle dans les formes, les meubles, l’arrangement ; tout est noble, moelleux, également confortable. La seule chose qui brille dans les chambres, ce sont les fleurs placées dans de charmantes urnes et corbeilles. Du reste, on y trouve des livres, des bustes, quelques tableaux. Les petites bibliothèques sous forme de fenêtres gothiques pratiquées dans le mur du petit salon de Downing, sont surmontées des bustes de Linné, de Franklin, de Newton et autres héros des sciences naturelles. Il y a dans cette demeure une individualité décidée imprégnée dans tout son entourage. C’est ainsi que chaque individu devrait se faire son monde à lui. On pressent ici la devise de M. Downing, « Il bello et il buono. » Il y a dans les mets, les fruits et une foule de petites choses un luxe véritable, mais non pas brillant, sans embarras, et pour ainsi dire caché dans la recherche, la richesse intérieure des choses. Je ne m’attendais pas à trouver cette espèce de foyer dans le Nouveau-Monde. Depuis que je suis ici, la pluie tombe continuellement avec plus ou moins d’abondance, et je suis, en vérité, piquée contre le climat. C’est à peine s’il ferait aussi mauvais chez nous en octobre ; mais je m’estime heureuse d’être dans un aussi bon gîte. Ma chambre, située à l’étage supérieur, a une vue magnifique sur l’Hudson et les montagnes de la rive opposée.

J’ai pensé qu’ici, dans le commencement du moins, les visites me laisseraient en paix : mais non. Hier au soir, au milieu des ténèbres, de la tempête et de la pluie, tandis que j’étais paisiblement assise avec mes hôtes dans leur paisible salon, arriva l’éditeur de l’Union-Magazine de Sar-