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LA COLONISATION

Pour empêcher ces déplorables conséquences, M. A. Bodard, agent d’émigration française au Canada, a acheté, dans le comté de Bonaventure, pour des familles françaises désireuses d’y immigrer, des terres complètement en labour, avec étables, granges et maisons où elles pourront loger dès leur arrivée. Il a de plus offert à des défricheurs canadiens de leur payer huit dollars de l’acre défriché, et de leur laisser la récolte qu’ils obtiendront la première année sur tout le terrain défriché par eux.

Ces offres ont paru assez avantageuses pour déterminer 300 demandes de colons des États-Unis et du Canada, qui veulent s’établir dans la nouvelle colonie et travailler sur les lots des Français.

Le plan de M. Bodard, comme on peut le voir, assure trois résultats à la fois : il attire l’émigration française, favorise le rapatriement des Canadiens, lesquels n’étaient pas assurés jusque-là de trouver de l’ouvrage à leur retour dans le pays, et enfin empêche les Canadiens eux-mêmes, jusqu’à un certain point, de s’expatrier pour trouver des moyens de subsistance.

Tout le monde y trouve donc son compte, chacun travaille suivant son goût et ses aptitudes, et l’on ne saurait douter que la première colonie agricole française fondée sur une pareille base ne soit assurée du succès, dans un avenir plus ou moins rapproché.