Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

papier et permis de faire celui-ci exclusivement avec du bois.

« Aujourd’hui la pâte ou pulpe chimique remplace presque complètement les autres fibres ainsi que les chiffons, et, avant dix ans, les usines où l’on emploiera autre chose que le bois comme matière première seront pour ainsi dire des reliques du passé, des objets de curiosité. Avec les pâtes de bois, la fabrication est plus facile et infiniment moins coûteuse ; pour toutes les fins ordinaires le papier de bois est aussi bon, sinon préférable au papier fait avec des chiffons ou d’autres fibres semblables. Le bas prix du papier de bois force les propriétaires d’usines à adopter la pulpe pour matière première et à mettre de côté les autres fibres, sous peine de se voir déborder par le produit moins dispendieux et aussi bon des fabriques de papier de bois. La concurrence n’est pas soutenable.

C’est précisément la position des fabricants de papier de plusieurs pays d’Europe, notamment de ceux de la Grande-Bretagne, qui étaient à la tête de cette industrie, jusqu’à ces dernières années. N’ayant dans le pays ni bois ni grands pouvoirs d’eau, les propriétaires d’usines anglaises sont forcés d’employer les chiffons et l’esparto. Mais avec ces matières qui sont comparativement dispendieuses, dont la préparation entraîne beaucoup de frais et de travail, il est pratiquement impossible de fabriquer les papiers communs, notamment les papiers pour imprimer les journaux, pour moins de cinq ou six centins la livre. Or, les Américains livrent le papier de bois sur le marché anglais pour trois ou quatre centins, ce qui tue l’industrie anglaise. Pour faire face à cette con-