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la province de Québec

vingt mille matelots, sont employés régulièrement chaque année au transport des bois du Canada de l’autre côté de l’Atlantique.

Des précautions sévères ont été prises par le gouvernement de la province de Québec pour prévenir le gaspillage de la coupe, et les dimensions au-dessous desquelles on ne peut pas couper les arbres sont fixées par des règlements.

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Malheureusement, la science forestière faisait jadis défaut, dans la plupart des cas, à ceux qui se livraient à l’exploitation des forêts. Pendant bon nombre d’années, il y a eu un gaspillage irréfléchi. L’ignorance de la plupart des colons en matière d’économie forestière, l’incompétence de ceux qui les dirigeaient ont laissé commettre bien des fautes, et, enfin, les ravages des incendies qui se portent sur d’immenses étendues à la fois, auraient pu entraîner des désastres irréparables ; mais il n’en a rien été et la prodigalité de la nature a été victorieuse de toutes les causes apparentes de destruction. Sur des étendues comme celle que renferme la province de Québec en terrains boisés, l’homme ne peut détruire aussi rapidement que la nature crée. Il est certain que la limite des bois exploitables recule peu à peu vers le nord, mais ce mouvement est d’une lenteur qui ne cause pas encore d’alarmes sérieuses. Suivant un rapport officiel de 1856, la seule vallée de l’Outaouais contenait alors une réserve suffisante pour alimenter, pendant un siècle, une exportation de cinquante mil-