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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

pendant plus de six mois il resta à Sienne comme dans une prison pour dettes, et ensuite il ne put qu’à grand-peine arriver à se faire couronner à Rome.

Que faut-il enfin penser de Frédéric III ? Ses visites en Italie ont le caractère de voyages de vacances ou de parties de plaisir effectuées aux dépens de princes qui voulaient avoir leurs droits confirmés par lui, ou qui étaient fiers de recevoir somptueusement un Empereur. Tel fut le cas d’Alphonse de Naples, à qui la visite impériale coûta jusqu’à cent cinquante mille florins d’or[1]. Lors de son deuxième retour de Rome (1469), Frédéric passa une journée entière dans sa chambre, à Ferrare[2], occupé à distribuer et à contre-signer des promotions. Il alla jusqu’au chiffre de quatre-vingts : il nomma des cavalieri, des dortoir, des conti, des notaires ; il créa des conti de différentes nuances, par exemple ; un conte palatino, un conte avec le droit de nommer des dottori jusqu’à concurrence de cinq ; un conte avec le droit de légitimer des bâtards, de créer des notaires, de réhabiliter des notaires déclarés indignes, etc. Seulement son chancelier demanda, pour l’expédition des brevets dont il s’agit, des honoraires qui furent trouvés un peu exagérés à Ferrare[3]. On ne parle pas des réflexions auxquelles se livra le seigneur Borso, qui se fit nommer, à cette occasion, duc de Modène et de Reggio, moyennant une redevance annuelle de quatre mille florins d’or, lorsqu’il vit son protecteur impérial

  1. On trouveva de plus amples détails dans Vespasiano Fiorentino, éd. Mai, Spicilegium Romanum, vol. I, p. 54. Comp. 150 et Panormita, De dictis et factis Alphonsi, lib, IV, no 4.
  2. Diario Ferrarese, dans Murat., XXIV, col. 217 ss.
  3. Haveria voluto scortigare la brigata, Jean-Marie Filelfo, qui vivait en ce temps-là à Bergame, écrivit une violente satire in vulgus equitum auro notatorum. Comp. la Biographie de Filelfo, dans Favre, Mélanges d'histoire littéraire, 1856, I, p, 10.