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180 LA SOCIABILITÉ ET LES FÊTES.

sait une telle impression sur les esprits qu’on aurait voulu voir se renouveler périodiquement d’aussi merveilleux spectacles. Jusqu’alors les villes sujettes s’étaient contentées de remettre purement et simplement les présents symboliques qu’elles devaient à titre d’hommage annuel (des étoffes précieuses et des cierges) ; mais, à partir de ce moment ’, la corporation des marchands fit construire dix chars (qui plus tard devaient être suivis de beaucoup d’autres), moins pour porter les tributs que pour les symboliser ; André del Sarto, qui décora quelques-uns de ces chars, en fit sans doute des merveilles. Ces chars portant des tributs et des trophées étaient l’accessoire obligé de toutes les fêtes, même les moins pompeuses. En 1477, les Siennois fêlèrent l alliance conclue entre Ferrante et Sixte IV par l’exhibiiion d’un char qui portait un individu vétu en déesse de la paix, le pied posé sur une cuirasse el sur des armes diverses*.

Dans les fêtes vénitiennes les embarcations remplaçaient les chars ; l’étrange, le fantastique venaient ainsi se joindre à la magnificence. Une sortie du Bucentaure allant au-devant des princesses Léonore et Béatrice de Ferrare, en 1491 (p. 170), est décrite par les auteurs dn temps comme un spectacle vraiment féerique * : le navire était précédé d’innombrables embarcations ornées de tentures et de guirlandes, et montées par des jeunes gens admirablement costumés ; soute dus par d’ingénieux appareils, des génies volaient autour de la flottille, por-VA 81H1, Vlil, p. 264, Vita di A, del Sarto. • Allegretto, dans MuRAT., xxiii, col. 783. Le fait d’nn0 roue qni se brisait était considéré comme un manrais présage. ■M. Anton Sabellici Bpitt., 1. III. Lettre à M. Ant. Barbavarus, qtti dit : lelue est moe eivitatie tn ilhutrium hospitum adventu cam navtm aaro et parpura imternero.