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quer, j’ai essayé ; mais la faiblesse et le vertige me l’ont rendu absolument impossible.

« Je vais mieux ; nous attendons des porteurs et nous réparons les bâts des ânes, avant de partir pour l’Oudjidji, que l’on peut, dit-on, gagner en vingt-deux marches : environ trente jours.

« Dillon devient aveugle ; je crains qu’il ne soit obligé de nous quitter ; il ne voit plus assez pour lire, même pour écrire. Un œil s’est pris d’abord ; maintenant l’autre est malade. Décidément il faut qu’il s’en aille ; c’est mon opinion, et je le lui conseille. »

J’ajoutais, à la date du 20 septembre :

« Je suis furieux ; voilà deux jours que je m’efforce de réunir assez d’hommes pour former un camp extra muros, afin de les préparer à la marche ; il n’y a pas moyen : ils ont peur et le disent sans honte.

« J’espère être quitte de la fièvre ; j’ai eu six accès, et le dernier a été moins fort que les autres. C’est mon œil droit qui me tourmente ; il est très enflammé ; cependant je crois que le mal diminue. J’attribue cette ophtalmie à la poussière et à l’éclat éblouissant du terrain. »

J’écrivais à la même date :

« Ce retard est quelque chose d’affreux. Encore ici le 20 septembre, et je manque toujours de porteurs. Si je n’avais pas été malade, il y a des semaines que nous serions partis. Mais j’ai eu un accès de fièvre de huit jours, un de sept, un autre de cinq ; trois autres encore. Je suis à peine remis d’un violent mal de tête qui a duré cinq jours ; je ne suis pas vaillant. Sur près de sept semaines, je n’ai eu que seize jours sans maladie — seize jours de faiblesse.

« Dillon va beaucoup mieux, il est décidé à continuer le voyage ; cependant il n’est pas guéri.

« 27 septembre. — Toujours retenu par le manque de porteurs, j’espère néanmoins partir dans une dizaine de jours.

« Je viens encore d’avoir la fièvre ; c’est la première fois, depuis l’accès, que je peux faire quelque chose. Dillon paraît avoir une fièvre tierce, elle n’est pas très violente. Mais je suis fort inquiet de ses yeux ; l’œil gauche est tout à fait hors d’usage, et l’œil droit présente les mêmes symptômes c’est une atonie du nerf optique. Si, en route, il devient aveugle tout à fait, comment le renverrai-je ? Ce sera complètement impossible ; et il dit