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Comme nous sortions du village, un envoyé de Murphy m’apporta l’affreuse nouvelle de la mort de Dillon, arrivée le 18. Mon pauvre ami avait eu la fièvre ; malheureusement on lui avait laissé des armes, et dans son délire il s’était brûlé la cervelle.

Personne, à moins de l’avoir éprouvé, ne peut se faire une idée des extravagances qui, pendant cette fièvre, s’emparent de votre esprit. Parfois, bien qu’ayant encore une partie de ma raison, je me suis imaginé que j’avais une seconde tête. Le poids était si lourd, l’impression tellement vive, que j’étais tenté de recourir à n’importe quel moyen pour me délivrer de cette tête si pesante, et sans avoir aucune envie de me tuer.


Routes suivies par Murphy et par Cameron.

L’heure où j’ai appris la mort de Dillon a été la plus cruelle de ma vie. Je perdais l’un de mes plus anciens camarades, de mes amis les plus dévoués, les plus chers ; celui qui m’avait soutenu dans les heures de fatigue et de souffrance, si nombreuses depuis le commencement du voyage, l’ami dont la société amoindrissait les difficultés quotidiennes, les vexations sans cesse renaissantes.

Le coup fut si terrible que pendant plusieurs jours ma pensée en fut suspendue. J’ai vécu pendant ce temps-là comme en rêve, ne gardant nul souvenir de la route d’Itoumvi à Kononngo, et laissant mon journal en blanc.

Peut-être ne comprend-on pas comment il arriva qu’après