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ces gens-là étaient grossiers et n’avaient nulle obligeance. Si je demandais à boire, ou bien à allumer ma pipe, ils me répondaient que la rivière était voisine ou que le feu leur appartenait. Cependant, s’ils m’avaient obligé, ils auraient eu de petits présents de verroterie ou d’un peu de sel ; et ils recherchent celui-ci avec une extrême avidité, n’en ayant pas chez eux.

Nous étions alors dans l’Ouhiya, dont les habitants diffèrent essentiellement de leurs voisins par le costume et les usages. Beaucoup d’entre eux ont les dents limées en pointe, horrible coutume qui leur donne l’aspect de bêtes féroces ; et leurs coiffures ne sont pas moins laides que bizarres.

Les uns portent un énorme chignon en cuir, ayant au milieu un trou d’où pend une espèce de langue, également en cuir. D’autres se couvrent les cheveux de boue et d’huile, se font des rouleaux, des crêtes, ou bien des tortillons qui donnent à leur chevelure une certaine ressemblance avec la perruque d’un magistrat anglais.

Commun dans les deux sexes, leur tatouage est sans régularité, et les affreuses cicatrices laissées par les profondes incisions, faites sur le corps dans un but ornemental, sont quelque chose de repoussant.

Le vêtement des hommes consiste en une jupette de feutre, d’écorce ou de pelleterie. Celui des femmes, en une ceinture de peau à laquelle est suspendu par derrière un petit carré d’étoffe, par devant, un tablier qui se réduit quelquefois à un petit morceau de cuir, divisé en lanières de la dimension d’un lacet de bottine ; le tout n’ayant pas plus de trois pouces de large sur quatre ou cinq de long.

J’ai entendu dire qu’à peu de distance, du côté de l’ouest, les gens étaient complètement nus, mais qu’au moyen d’une manipulation constante pratiquée dans la première enfance, ils produisaient une élongation de la peau de l’abdomen qui finissait par former un tablier tombant presque à moitié de la cuisse, et destiné à tenir lieu de vêtement.

L’amiral Andradé, gouverneur général de l’Angola, à qui je mentionnais le fait, me dit qu’il avait vu pareille coutume chez les tribus qui demeurent au levant du Mozambique.

Les Vouahiya ont pour armement des lances légères, et de grands arcs dont la corde, formée de lanières de roseau, envoie des flèches pesantes.