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qui est, en grande partie, couvert de broussailles. L’eau y est rare, bien que, sans aucun doute, il y en ait dans les dépressions du granit, qui par endroits affleure en larges nappes ; l’eau existe probablement partout à moins de trente pieds de profondeur.

La portion la plus cultivée de ce district est voisine de la résidence du chef de l’Ourougourou, située à quatre longues étapes de l’Ounyanyemmbé. C’est là que, pour la première fois, depuis que nous avions quitté la région maritime, j’ai vu cultiver le riz dans les fonds humides.

L’espace qui est entre l’Ourougourou et l’Ounyanyemmbé est assez uni, mais presque entièrement couvert de jungle. À Maroua, qui se trouve à moitié chemin, des rochers et des collines de granit surgissent de la plaine en grand nombre et sont entourés de palmyras (borassus flabelliformis).

Sur la frontière de l’Ounyanyemmbé, on traverse un petit cours d’eau temporaire, affluent du Toura, également torrentiel. Dans la saison des pluies, ce dernier va rejoindre à peu de distance, au nord-nord-ouest, une lagune appelée Nya Kouv, dont les eaux finissent par gagner le Victoria Nyannza. Cette information est due aux Arabes, et je pense qu’elle est digne de foi.

Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer la présence de la racine Nya, dans Nyannza, Nyassa, Manyara et Nya Kouv. En Kisouahili, kounya signifie pleuvoir ; kou n’est que le préfixe qui marque l’infinitif, nya est le verbe même.

Cet affluent du Toura, complètement à sec lors de notre passage, forme la limite orientale de l’Ounyanyemmbé, province dont la majeure partie est défrichée, et qui pendant longtemps a été supérieure à tous les pays voisins par le chiffre de sa population et l’étendue de ses cultures. Le nom qu’elle porte l’indique ; ou veut dire contrée ; nya forme de ya, l’n étant ajouté pour l’euphonie, est l’équivalent de notre préposition de, et yemmbé signifie houe, ce qui donne littéralement : Pays des houes, pays cultivé[1].

L’Ounyanyemmbé est couvert d’innombrables villages entourés de haies impénétrables, composées d’un euphorbe, dont le suc est d’une telle âcreté que la moindre goutte reçue dans l’œil cause des douleurs intolérables et souvent rend aveugle[2].

  1. Peut-être aussi : pays d’où viennent les houes. (Note du traducteur.)
  2. La sève de cet euphorbe est assez abondante pour éteindre le feu mis à la plante