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bois et jungle, sans autre intervalle que les défrichements faits par les indigènes, autour de leurs villages. Du sommet de quelqu’une des éminences, qui s’élèvent de la plaine, vous n’apercevez que feuillage, excepté au nord-nord-ouest, où apparaissent deux ou trois monticules de forme conique.

À mesure qu’on avance au couchant, la plaine est moins unie, le terrain plus ondulé ; des séries de collines, pareilles à de grandes vagues et dont on gagne le sommet par une pente graduelle, ont, à l’ouest, un versant rapide, d’où les eaux coulent par des lits nombreux, vers le Malagaradzi.

Les montagnes du Kahouenndi à l’ouest de l’Ougara, s’élèvent jusqu’à sept mille pieds (deux mille cent mètres) au-dessus du niveau de la mer. Elles sont composées principalement de granit, et, par endroits, présentent du grès et une espèce de schiste argileux incomplètement formé. Leurs promontoires et leurs flancs abrupts, pareils à des falaises, éveillent l’idée qu’elles ont pu être un archipel.

L’Ouvinnza, qu’on trouve après le Kahouenndi, ressemble beaucoup à cette dernière province jusqu’à l’Ougaga, endroit où le Malagaradzi vient longer le versant nord des montagnes.

Cette première partie de l’Ouvinnza est une plaine coupée par les vallées du Louvidji, du Roussougi et d’autres affluents du Malagaradzi, rivières dont les eaux, chose curieuse, sont parfaitement douces, bien qu’en beaucoup d’endroits le pays qu’elles traversent soit imprégné de sel[1].

En approchant du Tanganyika, le terrain est de plus en plus montueux et relie par ses chaînons les montagnes du Kahouenndi à celles de l’Oudjidji et de l’Ouroundi.

Arrivé dans l’Oukarannga, je ramassai dans une jungle des muscades de belle dimension et d’un bon arôme. Les plantes à caoutchouc, de différentes sortes, abondaient au même endroit.

  1. Faisons remarquer, à ce sujet, que les fontaines des bords du lac sont absolument douces, tandis que les baies du Tanganyika sont généralement saumâtres ; ajoutons que les eaux de la nappe même sont d’une nature spéciale. « Le Loukouga a la même saveur que le Tanganyika, pas salée, mais pas douce, saveur particulière,  » dit Cameron, qui voit dans ce fait la preuve que le Loukouga est bien l’émissaire du lac. Burton (Voyage aux grands lacs de l’Afrique orientale, p. 474) mentionne, d’après les indigènes, l’action corrosive des eaux du Tanganyika ; et Livingstone (Dernier journal, vol. II, p. 104) cite l’efficacité de ces mêmes eaux pour la guérison du goitre. (Note du traducteur.)