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geur), le Louhoua se joint au Loualaba proprement dit, qui occupe la partie centrale et la plus basse du drainage.

Le Loualaba prend naissance à côté des marais salins de Kouidjila ; il traverse le lac Lohemmba, fait un détour considérable, et entre dans le lac Kassali ou Kikondja. Celui-ci reçoit également le Loufira, qui passe au-dessus des villages souterrains de Mkanna et de Mkouammba.

D’après les informations que j’ai recueillies à leur égard, ces cavernes, situées directement sous la rivière, ont des voûtes très hautes, soutenues par des arcades et des colonnes de pierre blanche, dont l’ensemble est de la plus grande beauté. Plusieurs issues conduisent les habitants sur les deux rives ; et l’on raconte qu’une armée étrangère, étant venue attaquer ces Troglodytes, a été prise, au fort de l’action, par un groupe d’assiégés qui fit une sortie du côté opposé à celui où l’assaut avait lieu.

Ici la population est très affligée de goître ; et il suffit, dit-on, aux étrangers de boire de l’eau du pays pendant quelques jours pour ressentir les premières atteintes du mal : preuve certaine que le terrain est calcaire.

Le Loualaba a encore pour affluents le Louama et le Lomâmi, navigables l’un et l’autre ; puis le Lohoua, qui est représenté comme venant du nord, et comme étant aussi large que le Loualaba à quelque distance en aval de Nyanngoué.

Il est possible que l’Ouellé du docteur Schweinfurth soit tributaire du Lohoua, possible qu’il soit la tête de cette grande rivière, qui doit recueillir les eaux d’une vaste contrée.

Si le Loualaba est le Congo, ce qui pour moi ne fait aucun doute, il doit recevoir le produit du drainage de toute la région qui est au nord du bassin du Zambèse et qui s’étend jusqu’au bassin du Couenza.

Tuckey a estimé, en nombre rond, le débit du Congo à deux millions de pieds cubes par seconde. Alors même que cette estime serait trop élevée, il n’est pas douteux que la puissante rivière, qui, à son embouchure, a plus de mille pieds de profondeur, ne reçoive les eaux d’une aire immense.

Le Congo, d’ailleurs, a des crues très faibles, relativement à celles des autres rivières tropicales, et ses crues ont lieu deux fois par an. Il faut pour cela qu’une partie de ses affluents soient gonflés quand les autres sont bas, ce qui ne peut arriver que si le bassin qu’il occupe s’étend des deux côtés de l’équateur.