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ORIGINES DU PARLEMENT DE BRETAGNE.

province ne peut que souffrir de ces retards ; il avoue d’ailleurs être gêné de ne pas recueillir « la finance » qu’il avait compté tirer de la vente des nouveaux offices, et, pour tromper l’opposition du Parlement, il invite la chambre des vacations à usurper le rôle des chambres assemblées en enregistrant son édit. Les vacations éludent ses ordres, et, le 20 mars 1581, il parle à la Cour d’une façon assez impérieuse pour la contraindre à l’obéissance[1].

A cette époque, la cour souveraine de Rennes possédait douze présidents, soixante-huit conseillers, un procureur général, deux avocats généraux, trois greffiers, un receveur et payeur des gages, un receveur des amendes et dix huissiers. Ce personnel, déjà nombreux, s’accrut encore. En 1586 fut enregistré un édit qui créait huit nouveaux olhces de conseillers[2] ; en 1599, la Cour compta deux conseillers de plus[3], et, en 1606, elle fut contrainte d’en admettre deux autres, « du très exprès commandement du Roi [4] ». Le nombre de ses conseillers se serait donc élevé, au début du xviie siècle, au chiffre de quatre-vingts. Si l’on tient compte de quelques « lettres de suppression d’offices », on admettra qu’il fut environ de soixante-seize[5]. Or, au xviiie siècle, on ne signalait en Bretagne que quatre-vingt-quatorze conseillers « au grand corps » et douze aux requêtes[6].

  1. Archives d’Ille-et-Vilaine, B. 1 : Différents édits.
  2. Registres secrets : 8 mars 1586.
  3. Ibid., 2 octobre 1590.
  4. Ibid., 30 septembre 1606.
  5. Ibid., 11 avril 1582, 28 avril 1602, 2 janvier 1607.
  6. Archives d’Ille-et-Vilaine, G. 2705, fo 515 : B. 1 : Mémoire sur le Parlement ; Bibliothèque de Rennes, ms. 307 (de Robien. 1re partie, fo 78.) On donnait le nom de « grand corps » à la grand’chambre et aux enquêtes ; la chambre des requêtes occupait une situation inférieure à la Cour.