Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/111

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encore à faire office de démon, en prenant plaisir à détourner les créatures de la vertu pour les entraîner au vice. Quelle cruauté envers une âme, que de se faire l’instrument qui lui ôte la vie et lui donne la mort !

Il use aussi de cruauté envers le corps par cupidité. Non seulement il ne vient pas au secours de son prochain, mais il le dépouille, il vole le bien des pauvres, tantôt par voie d’autorité, tantôt par ruse et par fraude, en faisant acheter le bien du prochain, et souvent sa propre vie. O cruauté misérable, pour laquelle je serai sans miséricorde, si elle-même ne se convertit en compassion et bienveillance pour le prochain !

Parfois cette même cruauté s’échappe en paroles injurieuses, souvent suivies d’homicide. Parfois elle corrompt par l’impudicité la personne du prochain et le réduit à l’état d’animal immonde. Et ce n’est pas un ou deux seulement qui sont pervertis, mais quiconque approche ce corrupteur, quiconque a commerce avec lui en demeure infecté.

Qui donc aussi est atteint par les effets de la superbe, sinon le prochain, uniquement le prochain ? Par besoin de se faire valoir, l’orgueilleux méprise les autres, il s’estime au-dessus d’eux, et par là même il leur fait injure. S’il détient le pouvoir, il n’est point d’injustices ou de duretés qu’il ne se permette, jusqu’à faire trafic de la chair des hommes.

O très chère fille, afflige-toi de l’offense qui m’est faite et pleure sur ces morts, afin que la prière