Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aimer la vertu plus que la pénitence, considérer celle-ci seulement comme un moyen d’augmenter la vertu, suivant qu’il en est besoin, et en tenant compte de ses forces. A faire fond sur la pénitence, l’âme entraverait elle-même sa perfection, parce qu’elle ne se comporterait pas avec le discernement que donne la connaissance de soi-même et de ma bonté ; elle ne se conformerait pas à ma vérité, elle agirait indiscrètement, en n’aimant pas ce que j’aime par-dessus tout, en ne haïssant pas ce que j’ai le plus en aversion.

La discrétion n’est rien d’autre que la connaissance vraie que l’âme doit avoir de soi-même et de Moi. C’est dans cette connaissance qu’elle prend racine. Elle est un rejeton greffé sur la charité et uni à elle. Il est vrai que ce rejeton en produit plusieurs autres, comme un arbre qui a plusieurs rameaux. Mais ce qui donne vie à l’arbre et aux rameaux c’est la racine, et cette racine doit être plantée dans la terre de l’humilité, qui est la mère nourricière de la charité sur laquelle est greffé ce rejeton ou cette arbre de la discrétion. La discrétion ne serait pas une vertu et ne produirait pas des fruits de vie, si elle n’était plantée dans la vertu d’humilité, parce que l’humilité procède de la connaissance