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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/144

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Ce sont ceux-ci, mes ministres, qui se paissent et qui se tiennent aux mamelles. Ils n’ont pourtant pas seulement à se paître eux-mêmes, mais à paître et à tenir aux mamelles le corps universel du peuple chrétien, et tous ceux qui voudront sortir des ténèbres de l’infidélité, pour se rattacher comme membres à mon Église.

Vois donc avec quelle ignorance, et quelles ténèbres, et quelle ingratitude, et par quelles mains souillées, sont dispensés le lait et le sang glorieux de mon Epouse ! Avec quelle présomption et quelle irrévérence ils sont reçus ! Ce qui donne la vie bien des fois, par leur faute, leur donne la mort ; je veux parler du précieux sang de mon Fils unique, lequel a détruit la mort, dissipé les ténèbres, répandu la lumière de la vérité et confondu le mensonge. Ce sang généreux opère toujours pour le salut et la perfection de l’homme qui se dispose à le recevoir.

Mais comme il donne la vie à l’âme et l’orne de toute grâce, avec plus ou moins d’abondance, suivant les dispositions et les sentiments de celui qui le reçoit, aussi donne-t-il la mort à qui vit dans l’iniquité, par le fait de celui qui le boit indignement dans les ténèbres du péché mortel. A celui-là il donne la mort et non la vie, non par la faute du Sang, ni par la faute du ministre, alors qu’il serait lui-même en état de péché. Car le péché du ministre ne corrompt ni ne souille le Sang, il ne diminue ni pas sa grâce ni sa vertu, pas plus qu’il ne peut nuire à celui à qui le ministre donne le Sang ;