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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/250

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Après avoir rejeté ce venin de la volonté désordonnée, et réglé son désir par l’amour saint, par la crainte qu’il a de Moi, l’homme peut choisir et posséder l’état qui lui plaît : en tout état, il se conduira de façon à gagner la vie éternelle.

Sans doute il est plus parfait et plus méritoire de renoncer non seulement spirituellement, mais réellement à tous les biens de ce monde. Mais si quelqu’un ne se sent pas le courage d’atteindre à cette perfection, si sa fragilité l’empêche de s’y résoudre, il peut demeurer dans la charité commune, selon son état. Ainsi l’a ordonné ma Bonté, pour que nul ne puisse trouver dans son état une excuse à son péché.

Et en vérité où serait leur excuse, à ces pécheurs ?

Je condescends à leurs passions, à leurs complaisances. Veulent-ils rester dans ce monde, ils peuvent y posséder des richesses, y tenir un rang, vivre dans le mariage, élever des enfants, travailler à leur établissement : ils ont toute liberté d’y choisir l’état qui leur agrée davantage, à la seule condition, il est vrais, de retrancher le venin de la sensualité propre qui donne la mort éternelle.

Et la sensualité est bien véritablement un venin. De même en effet qu’un poison met met le corps en souffrance et finalement le tue s’il ne réussit pas à le vomir ou à prendre quelque remède ; ainsi en est-il de ce scorpion, de l’attachement au monde et aux choses temporelles. Celles-ci, je l’ai déjà dit, sont bonnes en elles-mêmes ; vous pouvez en user