Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/309

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Ne va pas croire toutefois que cette ardeur et cette force que l’on reçoit dans l’oraison, soient le fruit de la seule pièce vocale, familière à tant d’âmes qui prient des lèvres plus que du cœur. Toute leur attention, semble-t-il, est absorbée par la pensée de réciter beaucoup de psaumes, beaucoup de Notre Père. Dès qu’ils ont atteint le nombre qu’ils s’étaient proposé, l’on croirait qu’ils ne pensent plus à rien. Chez eux, semble-t-il, ni le sentiment, ni l’attention, ne dépassent les paroles qu’ils prononcent. Ce n’est pas ainsi qu’il faut prier. A s’en tenir là, l’âme retirera peu de fruit de sa prière, et j’en aurai moi-même peu d’honneur.

Mais, me diras-tu, faut-il donc abandonner la prière vocale pour la prière mentale, à laquelle cependant tous ne paraissent pas appelés ? — Non, il y a une mesure à garder.

Je sais bien que l’âme est imparfaite avant d’être parfaite, et que cette imperfection se retrouvera dans sa prière. Elle doit donc, pour ne pas tomber dans l’oisiveté, tant qu’elle est encore imparfaite, recourir à la prière vocale de l’oraison mentale. Pendant qu’elle prononce les paroles, qu’elle s’efforce donc d’élever son esprit et de le diriger sur mon amour en y joignant la considération générale de ses fautes et du sang de mon Fils unique, où elle trouve la largesse de ma charité et la rémission de ses péchés. Qu’elle fasse ainsi : dès lors, la connaissance d’elle-même et la considération de ses fautes la feront souvenir de ma Bonté