Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/311

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réduire au désespoir en essayant de te persuader que ta vie n’était que mensonge, et que jamais tu n’avais suivi ni accompli ma volonté ! Tu fis alors, ma fille, ce que tu devais faire, et que ma Bonté te donna de pouvoir faire, cette Bonté qui ne se dérobe jamais à qui la recherche ! Tu te réfugias avec humilité dans ma miséricorde : "Je confesse à mon Créateur, disais-tu, que toute ma vie s’est passée dans les ténèbres ; mais je me cacherai dans les plaies du Christ crucifié ; je me baignerai dans son sang, j’effacerai ainsi toutes mes iniquités, et je me réjouirai par le désir dans mon Créateur."

Tu sais qu’alors le démon s’enfuit.

Il retourna ensuite avec une autre tentation, et il chercha à t’exalter par l’orgueil : "Tu es parfaite, insinuait-il, tu es agréable à Dieu : tu n’as plus besoin de t’affliger davantage ni de pleurer plus longtemps tes fautes." En ce moment je te donnai la lumière pour te montrer la voie qu’il convenait de prendre. Tu t’humiliais et répondais au démon : "O misérable que je suis ! Jean-Baptiste n’a jamais fait de péché ; il a été sanctifié dans le sein de sa mère ; et cependant, quelle pénitence n’a-t-il point faite ! Et moi qui ai commis tant de fautes, ai-je seulement commencé à les reconnaître avec douleur, avec une véritable contrition ! Quand comprendrai-je ce qu’est ce Dieu que j’ai offensé, et ce que je suis, moi qui l’offense !"

Le démon ne put supporter cette humilité de l’esprit, ni l’espérance en ma bonté : "Maudite sois-tu, cria-t-il alors, je ne puis rien faire avec toi. Si