Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/312

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je t’abaisse par la confusion, tu t’élèves jusqu’à la miséricorde ; si je t’exalte, tu t’abaisses jusqu’à l’abîme par l’humilité, et tu me poursuis jusqu’en enfer. Je ne retournerai plus vers toi, car toujours tu me flagelles avec le bâton de la charité."

L’âme doit donc unir aux paroles qu’elle prononce, la connaissance de moi et d’elle-même. De cette manière, la prière vocale sera utile à l’âme qui la fera et elle sera agrée de moi. De la prière vocale imparfaite, elle arrivera, avec de la persévérance dans cet exercice, à l’oraison mentale parfaite. Mais, si elle vise simplement à réciter un certain nombre de formules, et si la prière vocale lui fait négliger l’oraison mentale, elle n’y parviendra jamais.

Parfois l’âme sera si ignorante que, si elle s’est proposée de dire, de vive voix, une prière déterminée, elle n’aura plus d’attention pour moi. J’aurai beau visiter son esprit, soit d’une manière, soit d’une autre, rien ne l’arrêtera. Tantôt je lui enverrai ma lumière, pour qu’elle se connaisse mieux elle-même et conçoive un vrai repentir de ses fautes ; tantôt je lui ferai largesse de ma charité. D’autres fois, je placerai devant son esprit, de différentes manières, la présence de ma Vérité, suivant qu’il me plaît, ou selon que l’âme l’avait elle-même désiré. Oui : mais elle n’a pas achevé de réciter toutes ses formules ; elle négligera ma visite qu’elle sent dans son esprit, et se fera un cas de conscience d’interrompre ce qu’elle a commencé.

Ce n’est pas ainsi qu’elle doit faire, si elle ne veut pas être le jouet du démon, Aussitôt qu’elle