Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/32

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Après ces dépositions devant les juges de Venise qui mettaient en cause Maconi, Caffarini écrivit lui-même à Dom Étienne, alors prieur de la chartreuse de Pavie, pour « le prier et requérir avec instance » de lui envoyer une « information juridique en forme publique et sous la foi du serment ».

Dom Étienne envoie à Caffarini son témoignage sur tous les faits dont il a été témoin personnellement depuis l’année 1376, où il a connu la sainte et commencé de vivre habituellement dans sa compagnie, « abandonnant père, mère, frères, sœurs, toute sa parenté, pour le bonheur de jouir de la présence virginale et de la familiarité de Catherine ». Mais, dans sa déposition, pas un mot de cette lettre, la première écrite par Catherine, le premier témoignage de la faveur divine dont son secrétaire préféré aurait reçu la première confidence. Cette lettre que Maconi aurait conservée comme une relique, non seulement n’a jamais été retrouvée, on ne la possède pas, mais lui-même l’ignore. Qu’on n’invoque point un certain sentiment d’humilité excessive qui l’aurait porté à se taire sur cette faveur. Il ne craint point de parler de l’affection maternelle toute particulière, de la prédilection que la sainte avait pour lui et qui n’était pas sans causer à ses compagnons quelque jalousie. Il n’a d’humilité que pour se reconnaître indigne d’une si grande grâce.

Silence encore sur ces lettres, qu’au dire de Caffarini, la vierge aurait rédigées elle-même de sa propre main sous les yeux de son secrétaire. Deux fois, il fait mention des Lettres de Catherine, une première fois pour dire que dès ses premières visites, elle le pria d’en écrire quelques-unes sous sa dictée ; une seconde fois, pour témoigner que plus que beaucoup d’autres, il vécut dans sa familiarité, écrivant ses lettres et ses affaires secrètes. Pas la moindre allusion à celles qu’il l’aurait vu écrire elle-même.