Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/330

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joies qui lui sont offertes, elle demeure prise à cet hameçon et tombe aux mains du démon.

Si, au contraire, elle repousse avec humilité cette jouissance, si elle s’applique avec amour à ne vouloir que Moi seul, qui suis le Donateur, au lieu de s’attacher au don, dès lors le démon est vaincu ; car son orgueil ne peut tenir devant un esprit qui est humble.

Tu me demanderas à quel signe reconnaître que cette consolation vient du démon et non de moi ! — Je te réponds : Le signe qu’elle vient du démon, qui se présente à l’âme sous forme de lumière, c’est que l’âme reçoit soudain de sa visite une vive allégresse ; mais, cette allégresse va diminuant toujours, à proportion qu’elle dure davantage, et laisse après elle l’ennui, les ténèbres, l’obscurité dans l’esprit, qui en éprouve comme un remords.

Si c’est Moi, la Vérité éternelle, qui ai visité cette âme, elle en ressent, au premier moment, une sainte crainte ; mais à cette crainte suit l’allégresse, la sécurité, une douce prudence, qui fait qu’en doutant elle ne doute pas. Dans la connaissance qu’elle a d’elle-même, elle s’estimera indigne de cette faveur. Elle dira : Je ne suis pas digne de recevoir votre visite, ô mon Dieu, et puisque j’en suis indigne, comment cela peut-il être ? Mais elle se réfugiera alors dans l’abîme de ma Charité ; elle connaîtra, elle verra qu’à Moi il est possible de donner ; elle ne regardera plus à son indignité, mais à ma dignité qui la rend digne de me recevoir par la grâce et de me sentir présent en elle-même, parce