Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/358

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table, mon Fils est la nourriture, et celui qui sert à celte table, c’est l’Esprit-Saint, qui procède du Père et du Fils.

Ainsi toujours ont-ils, ces parfaits, le sentiment de ma présence dans leur âme. Plus ils ont méprisé leur plaisir et leur volonté, plus maintenant ils sont exempts de peine et plus ils ont acquis de joie, parce qu’ils sont brûlés et embrasés par ma charité où se consume leur volonté. Aussi le démon redoute-t-il le bâton de leur charité. C’est de loin qu’il leur envoie ses flèches, sans oser ]es approcher. Le monde, lui, frappe l’épiderme de leur corps, croyant le blesser, et c’est lui-même qu’il blesse, parce que la flèche qui ne peut pénétrer la cible revient à celui qui l’a envoyée. Avec ses injures et ses persécutions et ses murmures, le monde crible de flèches ces très parfaits, mes serviteurs ; mais ils demeurent impénétrables a ses coups : le jardin de leur âme est bien fermé, et les traits retournent à celui qui les a lancés, empoisonnés par le venin de sa propre faute. De toute part, tu le vois, ils sont invulnérables, puisqu’en frappant le corps, les méchants n’atteignent pas l’âme ; qui demeure bienheureuse et affligée ; affligée de la faute du prochain, bienheureuse par l’union et l’affection de la charité qu’elle a reçue en elle.

Ils sont ainsi conformes a l’Agneau sans tache, mon Fils unique, qui, sur la croix, était tout à la fois heureux et souffrant. Il souffrait de porter la croix corporelle, en endurant son supplice, et la croix du désir pour satisfaire à la faute de la race humaine ;