Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/386

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vie de la grâce, si l’âme n’a monté les trois degrés, c’est-à-dire si les trois puissances ne sont pas assemblées en mon nom.

Je t’ai ensuite donné une explication plus particulière de ces trois degrés, par les trois états de l’âme, figurés sur le corps de mon Fils unique. De son corps t’ai-je dit, il a fait comme une échelle, dont je t’ai indiqué les degrés dans ses pieds percés, dans son côté ouvert, et dans sa bouche, où l’âme goûte la paix et le repos, de la manière que je t’ai exposée.

Je t’ai découvert l’imperfection de la crainte servile, puis l’imperfection de l’amour, en ceux qui m’aiment à cause de la douceur qu’ils trouvent en mon amour ; enfin, j’ai expliqué la perfection du troisième état, en ceux qui sont arrivés à la paix de la bouche. Ils n’y sont parvenus qu’après avoir parcouru avec un ardent désir le pont du Christ crucifié, en franchissant les trois degrés généraux, c’est-à-dire après avoir recueilli les trois puissances de l’âme et uni en mon nom toutes leurs opérations, puis les trois degrés particuliers, c’est-à-dire en passant de l’état imparfait à l’état parfait.

Tu les a vus alors courir dans la vérité ; je t’ai fait goûter la perfection de l’âme, respirer l’odeur des vertus, en même temps que je t’ai mise en garde contre les illusions auxquelles l’âme est exposée, avant d’arriver à la perfection, si elle n’emploie pas son temps à se connaître et à me connaître.

Je t’ai exposé aussi la misère de ceux qui vont se noyer dans le fleuve, pour ne pas vouloir passer