Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/427

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d’amour commence à édifier la maison de la vertu, toute imparfaite qu’elle soit encore. Après s’être dégagée de la crainte, elle reçoit la consolation et la joie, parce que l’amour de l’âme se dilate dans ma Vérité et en moi qui suis l’Amour même. A cause de cette paix et de cette consolation qu’elle trouve en moi, elle en arrive à aimer avec beaucoup de douceur, en éprouvant combien sont douces les joies qui lui viennent de moi ou des créatures par moi. En exerçant donc cet amour qui a pénétré dans sa demeure intérieure, après qu’elle a été purifiée par la crainte, l’âme commence à recueillir le fruit de ma divine Bonté. Elle habite désormais cette demeure intérieure et, dès que l’amour en a vraiment pris possession, elle y reçoit et elle y goûte les joies les plus variées et de nombreuses consolations. Enfin, avec de la persévérance, elle recueille un fruit nouveau ; elle en arrive à poser la table. Oui, après que l’âme a fini de traverser la crainte pour arriver à l’amour de la vertu, elle se met à table, elle est parvenue aux troisièmes larmes. Dans son cœur, veux-je dire, elle dresse la table de la très sainte Croix, et elle y trouve servi l’aliment qui fut la nourriture de mon doux Verbe d’amour : mon honneur à moi le Père, et votre salut. Car c’est pour mon honneur et pour votre salut que le corps de mon Fils unique a été ouvert, et qu’il s’est donné pour vous en nourriture. L’âme se met donc à se nourrir de mon honneur et du salut des