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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/462

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du prochain, nourrir en ton âme la racine de la présomption, pour te faire tomber dans les faux jugements que je t’ai défendus. Tu croirais juger vrai et tu jugerais de travers, en suivant ton propre avis, et souvent le démon te ferait voir beaucoup de vérités, pour t’induire dans le mensonge. C’est là que tu en viendrais, Si tu te faisais juge des pensées et des intentions des créatures raisonnables. De cela, je te l’ai dit, Moi seul, je suis juge.

C’est là une des trois règles que je veux que tu retiennes et que tu observes : Ne porte jamais un jugement, sans garder une mesure, et la mesure que je t’impose est celle-ci. A moins que je ne t’aie manifesté expressément, et non pas seulement une fois ou deux, mais plusieurs fois, le défaut du prochain, tu ne dois jamais en reprendre particulièrement celui en qui il te semble voir ce défaut. Tu dois te contenter de corriger en général les vices de celui qui vient te visiter, et de l’exhorter à la vertu, avec charité et douceur, en joignant à la douceur, la sévérité, quand tu vois que c’est nécessaire.

Te semble-t-il que je t’aie manifesté souvent les défauts d’autrui ? Alors, si tu ne vois pas que ce soit une révélation expresse, comme je te l’ai dit, ne parle pas spécialement d’un défaut particulier. Tiens-toi au parti le plus sûr, pour éviter la tromperie et la malice du démon. Il te pourrait prendre à cet hameçon du désir, et t’amener souvent à juger le prochain, contrairement à ce qui serait la vérité, et à être ainsi pour lui une occasion de scandale.