Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/92

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apprendre quand il nous dit : À qui m’aimera et gardera ma Parole, je me manifesterai moi-même à lui : il sera une même chose avec moi et moi avec lui[1]. Nous trouvons en maints endroits des paroles semblables. Puisque le Christ est Vérité, elles nous font bien voir que, par l’amour, l’âme devient une même chose avec lui.

Pour le montrer plus clairement, je me souviens d’avoir appris d’une servante de Dieu que, dans un grand ravissement de l’esprit qu’elle eut dans son oraison, Dieu, déchirant les voiles, lui avait fait contempler l’amour qu’il a pour ses serviteurs. Il lui disait entre autres choses : « Ouvre l’œil de ton intelligence et regarde en moi ; tu y verras la dignité et la beauté de ma créature raisonnable. Outre la beauté que j’ai donné à l’âme en la créant à mon image et ressemblance, contemple ceux qui sont revêtus de la robe nuptiale, c’est-à-dire de la charité, ornée de la multitude des vertus. Ceux-là, ne font qu’un avec moi par l’amour. C’est pourquoi je te dis : Si tu me demandais qui sont ceux-là, je te répondrais comme le doux Verbe d’amour : Ils sont un autre moi-même, car ils ont dépouillé et perdu leur volonté propre, et ils ont revêtu la mienne, ils se sont unis et conformés à la mienne.

Il est donc bien vrai que l’âme s’unit à Dieu par sentiment d’amour.

Aussi, voulant plus virilement suivre et connaître la vérité et considérant d’abord que l’homme ne

  1. Jean, 14, 21