Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/100

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Qu’ajouter de plus ?

Comme je te l’ai dit, il en est qui prêtent à usure. Ils ne mettent pas d’enseignes, comme les usuriers publics, mais ils ne manquent pas de moyens subtils, pour vendre le temps a leur prochain, par pure avarice : car, rien au monde ne peut légitimer un semblable commerce. Si on leur fait un présent, si petit soit-il, et que dans leur pensée ils le reçoivent comme prix du service rendu, en excédent de la somme prêtée, c’est usuraire, comme usuraire aussi, tout ce qui serait perçu, en paiement du temps, pour la durée du prêt.

Je les ai établis, pour qu’ils défendent l’usure aux séculiers, et ils la pratiquent eux-mêmes. Ce n’est pas tout. Si quelqu’un vient les consulter sur cette matière, comme ils ont eux-mêmes ce vice, et qu’ils ont perdu sur ce point la lumière de la raison, le conseil qu’ils donnent est obscur et comme enveloppé de la passion qui est dans leur âme. De là, par conséquent, une infinité de méfaits qui découlent de leur cœur étroit, cupide et avare. A eux s’applique bien cette parole que prononça mon Verbe, lorsque, entrant dans le Temple, il y trouva vendeurs et acheteurs : " La maison de mon Père est une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs (Mt 21, 13) ", cria-t-il ; et, prenant des cordes, il s’en fit un fouet, pour les jeter dehors.

Il en est bien ainsi, aujourd’hui, tu le vois, ma très douce fille ! De mon Église qui est un lieu de